Droits de l'homme au Kosovo : Amnesty accuse la KFOR et l'ONU
Mis à jour le mercredi 15 mars 2000
AMNESTY INTERNATIONAL a accusé lundi 13 mars la force de paix de l'OTAN au Kosovo (KFOR) et l'ONU de ne pas avoir " respecté les droits de l'homme ", notamment lors de récentes arrestations d'Albanais à Mitrovica (Kosovska Mitrovica pour les Serbes), dans le nord de la province. Dans son rapport, l'organisation reproche notamment à la KFOR et à la police de l'ONU d'avoir bafoué les droits de quarante-neuf Albanais, arrêtés le 13 février après des violences dans le nord de Mitrovica, et détenus " dans des conditions inhumaines ". Selon Amnesty International, les Albanais arrêtés n'ont pas " été informés immédiatement des raisons de leur arrestation, n'ont pas été informés de leurs droits (...), n'ont pas vu d'avocat ".
L'organisation déplore le fait que les détenus aient été enfermés dans un " gymnase sans chauffage " où la température avoisinait zéro degré, et dont le sol était " recouvert de boue ". " Les détenus n'ont pas eu le droit de se laver avant leur cinquième jour de détention, de faire de l'exercice ou marcher en plein air. Ils n'avaient le droit que de regarder un mur ", précise Amnesty dans ce rapport. L'organisation indique par ailleurs avoir demandé à la KFOR d'améliorer les conditions de détention des prisonniers. Un officier a alors répondu : " Ce ne sont pas des anges (...), ces gens ont tiré sur mes soldats. "
" ASSURER L'ORDRE PUBLIC "
A l'occasion d'une conférence de presse à Pristina, le coauteur du rapport, Elizabeth Griffin, a estimé que " la réponse de la police de l'ONU et de la KFOR à la violence à Mitrovica illustre l'échec de la présence internationale au Kosovo à respecter les droits de l'homme dans le cadre de leur action ". Amnesty a exigé de la KFOR et de la Mission des Nations unies (Minuk) la création immédiate de " mécanismes indépendants et impartiaux en mesure d'assurer que des enquêtes sont menées sur toute accusation de violation des droits de l'homme et que les victimes ou leur famille seront indemnisées ".
La KFOR a indiqué que la détention des quarante-neuf Albanais s'inscrivait dans le cadre de la résolution 1244 du Conseil de sécurité qui lui accorde une large responsabilité " pour assurer l'ordre public et la sécurité ", et ainsi lui permet " de détenir des personnes sans limite dans le temps ". Pour Amnesty, ces procédures sont " incompatibles avec l'obligation de la KFOR de faire respecter les normes internationales en matière des droits de l'homme ". Selon Elizabeth Griffin, d'autres violations des droits de l'homme ont été répertoriées, notamment dans les secteurs sous commandement américain et allemand de la KFOR. - (AFP .)