[lbo-talk] Fwd: [assawra] Souha Bechara: «Nous allons reconstruire nos villages au Liban»

Jean-Christophe Helary fusion at mx6.tiki.ne.jp
Mon Sep 18 07:32:22 PDT 2006


Souha Bechara's interview.

JC Helary

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> Date: 18 septembre 2006 19:42:30 HNJ
> To: assawra at yahoogroupes.fr
> Subject: [assawra] Souha Bechara: «Nous allons reconstruire nos
> villages au Liban»
> Reply-To: assawra at yahoogroupes.fr
>
> Souha Bechara: «Nous allons reconstruire nos villages au Liban»
>
> David Pestieau
> 23-08-2006 - ptb.be
>
> Souha Bechara est une grande figure de la résistance libanaise. A
> 20 ans, en 1988, lors de la première occupation du Liban par
> Israël, elle a tenté d'abattre le général Antoine Lahad, chef de la
> milice qui contrôlait le Sud-Liban avec Israël.
>
> Elle a été emprisonnée sans jugement durant dix ans (1989-1998)
> dans la terrible prison de Khiam, au Sud-Liban. Depuis sa
> libération, elle milite pour la libération des 10000 prisonniers
> palestiniens et libanais détenus en Israël.
>
> --- Israël a commencé la guerre le 12 juillet en réaction à
> l'enlèvement de deux soldats israéliens. Quelle est votre réaction,
> vous qui avez été prise en otage durant 10 ans par Israël?
>
> Je voudrais d'abord souligner qu'une décision de la Cour Suprême
> israélienne prise dans les années 90 a légitimé, légalisé,
> l'enlèvement et la détention de n'importe quel Libanais qui
> pourrait fournir des informations sur le pilote israélien Ron Arad,
> disparu au Liban dans les années 1980. Et ces enlèvements
> israéliens de civils libanais ont eu lieu sur le territoire
> libanais, à de nombreuses reprises. Encore en juin de cette année.
> Est-ce acceptable? Et ce que des Libanais ont fait le 12 juillet en
> réaction, ce n'est pas enlever des civils à Jérusalem, ni bombarder
> Tel-Aviv. C'est capturer deux soldats israéliens sur le champ de
> bataille pour pouvoir négocier la libération des prisonniers
> libanais et palestiniens. Si j'avais été prisonnière palestinienne
> en Israël, comme 10 000 le sont aujourd'hui, j'aurais été en joie
> le 12 juillet. Car l'échange de prisonniers est la seule issue qui
> leur est offerte pour être un jour libérés.
>
> --- Certains disent qu'Israël a quand même le droit de faire
> quelque chose face au terrorisme du Hezbollah...
>
> Je leur dirai ceci: supposons qu'un criminel soit dans un bâtiment,
> va-t-on faire exploser le bâtiment pour mettre ce criminel hors
> d'état de nuire? Croit-on aux bombes intelligentes qui
> distingueraient sur base génétique qui est du Hezbollah et qui ne
> l'est pas? Au nom de quel droit 22000 immeubles ont-ils été
> détruitset des milliers de vies gâchées? Pourquoi un des symboles
> du Liban, l'aéroport international de Beyrouth, a-t-il été
> bombardé? Est-ce une cache secrète d'armes du Hezbollah? La raison
> invoquée pour la guerre, «désarmer le Hezbollah», donne-t-elle le
> droit de détruire toute une économie mais aussi l'environnement?
> Jusqu'à la pollution des plages libanaises mais aussi grecques et
> chypriotes (par la marée noire provoquée par le bombardement
> israélien d'un réservoir pétrolier libanais, ndlr)? Mettons de côté
> le jugement qu'on peut porter sur le Hezbollah.
> Il y a quelque chose qui dépasse le Hezbollah. Nous avons déjà vécu
> l'exode au Liban. En 1978, en 1982. A ce moment-là, Israël est venu
> au Liban pour désarmer les Palestiniens. Les Palestiniens ont été
> alors désarmés, les hommes armés ont quitté le Liban et il y a eu
> le massacre de Sabra et Chatila (deux camps de réfugiés
> palestiniens dont plus de 1000 habitants ont été tués de sang-froid
> par des milices pro-israéliennes sous la protection du général
> Sharon, ndlr). Et Israël a continué à intervenir au Liban pendant
> 18 ans invoquantle problème palestinien. Maintenant Israël sort
> autre chose, ce ne sont plus les Palestiniens, c'est le Hezbollah.
>
> --- Pourquoi cet acharnement d'Israël face au Liban?
>
> Israël veut frapper tous ceux qui ont osé et osent lui dire non.
> D'abord le Hezbollah, mais aussi tous les partis libanais, comme le
> Parti Communiste libanais, comme les Nasséristes, comme le
> Mouvement du Peuple, qui ont pris les armes contre l'occupation
> israélienne. Israël n'a jamais accepté sa défaite de 2000, quand il
> a dû se retirer du Sud-Liban. Ensuite, le Liban par sa composition
> multiconfessionnelle, est à l'opposé d'Israël basé sur une seule
> confession, une seule idéologie fondatrice.
> En Israël, quelqu'un de confession juive qui émigre de Belgique ou
> des Etats-Unis a plus de droits que le million d'Arabes qui y
> vivent aujourd'hui. Enfin, il y a un enjeu irano-américain. Par
> cette guerre, comme l'a dit Condoleeza Rice, il s'agissait de faire
> du Liban la porte du nouveau Moyen-Orient américain. Et d'écraser
> ceux qui cherchent d'autres alliances dans la région. Là, les
> intérêts américains et israéliens se sont croisés.
>
> --- Que pensez-vous de la résolution de l'ONU demandant la
> «cessation des hostilités» et l'envoi d'une force internationaleau
> Sud-Liban?
>
> Il y a un fossé entre les «regrets» exprimés par la communauté
> internationale après le massacre de Cana, les «regrets»lors de
> l'attaque israélienne qui a coûté la vie à 4 soldats de l'ONU
> (FINUL) au Liban et «l'exigence» de la démilitarisation du
> Hezbollah. Ensuite, vous devez savoir que les Israéliens ont
> cherché ces derniers jours à brûler des zones entières du Sud
> Liban, à raser des villages entiers. Ce n'est pas un hasard s'ils
> sont venus avec des bulldozers. Mais avec la résolution finale, les
> Israéliens n'iront pas très loin et n'ont obtenu aucun des
> objectifs de leur guerre. Le Hezbollah n'est pas et ne sera pas
> démilitarisé. Les deux soldats israéliens ne seront pas rendus sans
> un échange avec des prisonniers libanais. Quant à la zone tampon au
> Sud-Liban avec des troupes de l'ONU et l'armée libanaise, on verra
> dans la pratique.
> Mais nous, les Libanais, nous reviendrons et nous reconstruirons
> nos villages. Avec cette résolution, la communauté internationale a
> juste offert une porte de sortie aux Israéliens pour qu'ils sauvent
> la face. Et le dirigeant du Hezbollah Nasrallah a pris une décision
> historique: il a accepté cette résolution avec toutes les réserves,
> dans le butde réduire les conséquences dramatiques de la crise
> humanitaire. Or le Hezbollah et la résistance libanaise auraient pu
> continuer sur le terrain militaire. Mais aujourd'hui au Liban, leur
> force n'est pas d'abord militaire, mais populaire. Certainement
> après cette guerre.



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