[lbo-talk] Ségolène Royal invitée spéciale de Libération

Jean-Christophe Helary fusion at mx6.tiki.ne.jp
Thu Mar 29 07:53:47 PDT 2007


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> From: Federation des français a l'etranger
> Date: 29 mars 2007 21:26:23 HNJ
> Subject: [infos-ffe] INFO CAMPAGNE : Ségolène Royal invitée
> spéciale de Libération
>
>
>
> Ségolène Royal, invitée spéciale de «Libération» : «Remettre
> l'argent là où il est utile»
>
>
>
> Nation, sans-papiers, éducation, emploi, banlieues : face à notre
> équipe, la candidate a détaillé ses propositions et stigmatisé ses
> adversaires.
>
> QUOTIDIEN : mercredi 28 mars 2007
>
>
> Pourquoi vous être emparée du thème de la Nation à ce moment précis
> de la campagne ?
> Ce thème est par définition présent dans une campagne
> présidentielle, le candidat ou la candidate ayant pour vocation et
> ambition d'incarner la République, donc la Nation. Il est normal de
> pouvoir préciser sa vision des choses sur le sujet et sur la façon
> dont le lien national doit s'incarner. Le candidat de la droite a
> donné sa vision des choses, en proposant un ministère de l'Identité
> nationale et de l'Immigration. Le candidat UDF, lui, se moque de
> tout cela. Il a tort. Il est tellement pris dans son filon ni
> droite ni gauche qu'on ne sait plus ce qu'il pense de rien et donc,
> pas davantage, de la Nation. Ce qui est d'ailleurs cohérent avec
> ses positions, puisqu'il n'a pas de programme et donc, ne dit rien.
> Quant au candidat du Front national, il confond nation et
> nationalisme. Il y a donc une vraie confrontation des points de
> vue. Pour moi, c'est très clair. Je suis une Européenne résolue. Je
> suis partisane d'une France ouverte au monde, internationaliste et
> généreuse et je considère que la Nation a un autre nom qui est
> celui de la République. La Nation telle que je la conçois ne
> demande pas aux gens d'où ils viennent, mais où ils veulent aller
> ensemble. Elle n'est pas fondée sur les racines, l'ethnie, que sais-
> je, mais sur une idée. Elle est une idée et c'est ce qui la
> distingue de ce qu'en ont fait nos adversaires.
>
> L'affirmation de la Nation est-elle compatible avec
> l'internationalisme de gauche ?
>
> Evidemment, la gauche est internationaliste. Mais il faut donner
> une réassurance sur l'identité nationale, qui a besoin d'être
> consolidée au moment où les Français s'inquiètent de la dilution de
> la Nation dans la mondialisation. Jaurès lui même a réconcilié
> l'idée de Nation et celle d'internationalisme. Au point,
> d'ailleurs, d'en mourir ! La Nation, je vous le répète, n'est pas
> incompatible avec l'ouverture. Ni du côté du local, et je suis de
> ce point de vue la seule candidate à proposer une régionalisation.
> Ni de l'autre côté, avec le fait européen. Mais cet enjeu-là est
> considérable au moment où on observe une confusion des valeurs, une
> montée des désordres, un doute sur les marges de manoeuvre de la
> politique.
>
> Insister sur la nation, c'est nécessaire pour ramener à gauche les
> catégories populaires ?
>
> Je ne fais pas de calcul. Je ne parle pas de la nation pour plaire
> à telle ou telle catégorie, il s'agit de convictions de longue
> date. Ministre de l'Enseignement scolaire, j'avais déjà mis
> l'éducation civique au brevet des collèges. J'ai toujours beaucoup
> travaillé sur cette question : qu'est-ce qui fait la France ? Je
> l'avais évoqué à Vitrolles, dans lors de ma déclaration de
> candidature. Puis lors de l'investiture. Ce n'est donc pas une
> question de tactique politique.
>
> Quelle importance attachez-vous à l'électorat populaire, dont la
> fuite avait causé la défaite de la gauche en 2002 ?
>
> La mobilisation des catégories populaires est un des enjeux de
> cette élection. Non pas pour des motifs partisans mais parce que
> ces catégories se sont éloignées du vote et qu'il est essentiel
> pour la santé de notre démocratie qu'elles retrouvent la confiance
> dans la politique. La crise démocratique, et je suis la seule
> candidate à en avoir fait le diagnostic précis, a engendré un
> éloignement du vote, des votes de colère, un sentiment de ne plus
> compter pour rien, du repli sur soi. Ces sentiments frappent les
> catégories populaires, et maintenant les classes moyennes. C'est
> très dangereux : il peut y avoir soit une fuite vers
> l'individualisme, soit un repli vers des communautarismes et rejet
> des autres. Plus largement, les catégories populaires ont, comme
> les autres, besoin d'une réflexion sur l'identité nationale, d'une
> politique internationale digne de ce nom, de participer au débat
> sur la culture, l'énergie ou les enjeux de la santé Et je considère
> que c'est le devoir de la gauche de répondre à ces attentes des
> catégories populaires, tout comme à la fraction des classes
> moyennes qui aujourd'hui nourrissent un sentiment de déclassement.
>
> Quelle est votre position sur les régularisations de sans-papiers ?
>
> Quand Nicolas Sarkozy a convoqué dans les préfectures tous les sans-
> papiers pour leur faire croire qu'ils auraient des papiers et
> qu'ils ont finalement été fichés, il a trompé les gens. Il est
> responsable d'une politique qui a grossi le nombre des étrangers
> sans papiers et pourtant non expulsables. Il a créé des zones de
> non droit. Aujourd'hui 26 000 parents d'élèves ne sont pas
> régularisés malgré les promesses et ne peuvent non plus être
> reconduits à la frontière. C'est scandaleux dans un Etat de droit,
> et inhumain. Pourquoi ce problème qui empire depuis plusieurs
> années n'a-t-il pas été réglé ? Pour ma part, je veux que
> l'ensemble de ces situations soient examinées sur la base de
> critères objectifs, et non pas de façon aléatoire ou statistique,
> avec le sens de la responsabilité et l'humanité nécessaire.
>
> Vos relations sont-elles apaisées avec les profs ?
>
> Je n'ai jamais été fâchée avec les enseignants. Il y a eu la
> diffusion sur Internet de la fameuse vidéo, et on sait dans quelles
> conditions elle a été tournée et diffusée : je ne suis bien sûr pas
> d'accord avec ce type de méthode, car on doit pouvoir participer
> sereinement à des réunions de réflexion. Mais peu importe. Ce qui
> compte, ce sont les conditions de travail des enseignants et
> d'apprentissage des élèves. Les adolescents ont changé, et la
> formation des enseignants n'a pas suivi cette mutation. Je pense
> que les enseignants, qui sont gênés par l'accumulation des réformes
> de l'Education et qui ont un vrai sentiment de déclassement, ont
> d'abord besoin de reconnaissance. Mais s'ils regardent ce qui a été
> fait avec la gauche entre 1997 et 2002, et ce qui s'est passé
> depuis cinq ans, je pense qu'ils voient clairement la différence.
> Si je suis élue, la prochaine rentrée scolaire se fera en
> rétablissant les emplois supprimés. Une liberté pédagogique sera
> donnée aux équipes, des solutions apportées aux élèves décrocheurs
> qui perturbent les classes et des moyens seront donnés pour
> développer le travail en équipe.
>
> Concrètement, comment «desserrer» la carte scolaire, comme vous le
> préconisez ?
>
> La question de la mixité scolaire se définit dans la politique de
> la ville, dans la politique de l'habitat et dans la politique
> urbaine. Ce n'est pas l'école qui doit porter seule la question de
> la mixité. C'est la politique de la ville qui, en amont, accompagne
> ou pas la mixité. Je souhaite répondre au voeu des parents d'un peu
> de souplesse dans la sectorisation.
>
> Les jeunes s'intéressent à la campagne mais restent sceptiques.
> Comment comptez-vous les convaincre de s'engager ?
>
> Je pense que l'ampleur de la crise sociale, économique, écologique,
> culturelle est telle que le choix est clair. Le prochain scrutin
> doit leur permettre de choisir dans quelle France ils veulent vivre
> demain. Moi, je les invite à inventer la France dans laquelle nous
> allons vivre. A mener la bataille pour l'emploi des jeunes,
> l'amélioration de leur qualification, la reconnaissance de la
> France dans sa diversité, dans son métissage, contre toutes les
> formes de discrimination. Et je les appelle à participer au
> rééquilibrage entre les pays du Nord et du Sud, car ils ont compris
> que leur avenir dépendait aussi de la réduction des inégalités Nord-
> Sud.
>
> Suffit-il, pour la gauche, d'expliquer que Bayrou, c'est la droite ?
>
> Non. Son «ni droite, ni gauche» masque l'immobilisme le plus
> absolu, le refus de dire clairement quelles sont les solutions qui
> seront apportées aux problèmes qui se posent au pays. Et
> l'immobilisme, c'est la poursuite de la situation actuelle dont les
> Français ne veulent plus. Pour ma part, j'explique dès maintenant
> comment je vais m'y prendre, et à quelles priorités je vais
> m'attaquer. Je suis persuadée que les choses vont se clarifier. Je
> ne veux pas que les Français soient privés d'un vrai choix entre
> deux visions clairement identifiées de l'avenir de la France.
>
> A propos de Nicolas Sarkozy, pensez-vous que l'on peut être élu
> président de la République si l'on ne peut aller en banlieue ?
>
> C'est difficile d'incarner l'unité de la Nation si certains espaces
> du territoire sont inaccessibles. Mais cela fait partie de la
> question de la responsabilité politique. La crise des banlieues a
> été très mal traitée. Depuis, rien n'a changé. Les choses se sont
> même dégradées. Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur
> jusqu'à lundi, il a quand même eu tous les pouvoirs entre les mains
> pour pouvoir régler cette question-là... C'est un échec sur toute
> la ligne. Et on ne voit pas davantage de solution, dans son
> programme présidentiel. Il n'est pas capable de résoudre ces
> problèmes. Il y a une rupture profonde de confiance entre les
> jeunes de ces quartiers et lui. Pour ma part, j'ai dit que les
> banlieues n'étaient pas un problème mais une part de la solution
> aux problèmes de la France, parce que je veux mobiliser tous les
> talents qui aujourd'hui n'ont pas les moyens de se révéler.
>
> Que répondez-vous aux critiques sur le financement de votre projet
> présidentiel ?
>
> Mon projet comporte bien sûr des dépenses, mais il est financé par
> des économies, des redéploiements, et toutes ces dépenses sont des
> investissements et non pas des dépenses inertes. Elles permettront
> de relancer la croissance. On n'est pas dans l'arithmétique. Si on
> n'investit dans rien, on meurt à petit feu. Moi je veux investir
> dans les filières du futur. En Suède, on a investi massivement dans
> l'innovation, dans la matière grise. La France est très en retard
> sur un certain nombre de domaines : le dialogue social, le
> développement durable, les questions énergétiques. C'est là qu'il
> faut que les pouvoirs publics soient présents. Il y a aussi des
> marges de manoeuvre sur la réforme de l'Etat : la baisse de son
> train de vie, et la réforme de l'action publique, surtout par la
> décentralisation.
>
> Avec la réforme de l'Etat, vous vous emparez d'un thème cher à la
> droite...
>
> Mais la droite n'a pas accompagné les fonctionnaires dans cette
> mutation ! Elle leur a imposé des politiques arithmétiques, avec la
> moitié de fonctionnaires non remplacés. Cela veut-il dire que la
> moitié des fonctionnaires ne compte pour rien ? Ce n'est pas digne
> d'un candidat à la présidentielle de désigner à la vindicte
> publique une catégorie de la population. Les fonctionnaires doivent
> être associés aux mutations des services publics. Il faut leur
> dire : on va vous accompagner dans ces mutations, on va redéployer
> les services publics là où les citoyens en ont le plus besoin et,
> en échange, vous serez mieux formés et mieux rémunérés.
>
> Comment procéderez-vous pour la conférence salariale que vous avez
> annoncée ?
>
> Ce rendez-vous est très important. Il va falloir nouer un nouveau
> dialogue social pour aborder un ensemble de questions : comment
> augmenter les bas salaires ? Comment investir mieux dans la
> recherche et l'innovation ? Comment met-on en place ce qu'on
> appelle dans les pays du Nord une «flexsécurité» ?
>
> Vous êtes pour davantage de flexibilité ?
>
> Je préfère parler d'agilité. Jusqu'ici, la flexibilité a été
> supportée par les salariés, jamais par les patrons. Quand une
> entreprise va mal et qu'un patron part avec un parachute doré, ça a
> un impact symbolique insupportable. L'agilité que je veux donner
> aux entreprises a sa contrepartie dans des sécurités nouvelles pour
> les salariés : c'est par exemple la sécurité sociale professionnelle.
>
> Le marché, donc, est accepté ?
>
> Le marché est accepté, pas le système libéral. Mais il faut un
> marché régulé, qui permette de faire converger l'intérêt de
> l'entreprise et du salarié. Le rétablissement du lien de confiance
> passe par le développement d'une culture de compromis dans les
> entreprises. D'où ma proposition de sécurité sociale
> professionnelle, qui permet au salarié de conserver un revenu, avec
> une formation, sans passer par la case chômage. Le salarié peut
> même garder un lien juridique avec son entreprise. En fait, il
> s'agit d'utiliser différemment les indemnités chômage et les
> crédits de la formation professionnelle. Cela donne de la liberté
> aux salariés, mais aussi des devoirs : le salarié ne pourra pas
> toucher 90 % de son salaire et rester chez lui. Il devra suivre une
> formation ou se reconvertir. C'est donnant-donnant.Comment
> envisagez-vous de soutenir les entreprises ?
>
> Je veux réorienter un certain nombre de choses. Je me suis d'abord
> engagée à ce que le taux de l'impôt sur les sociétés soit modulé à
> la baisse si les profits sont réinvestis. Les propositions faites
> par les deux candidats de droite sont inopérantes. Quand l'un d'eux
> (François Bayrou, ndlr) propose de supprimer les charges sociales
> pour les entreprises embauchant deux personnes, c'est inadmissible.
> On ne donne pas les mêmes aides aux banques, à la grande
> distribution ou aux PME ! Le temps est venu des politiques
> sélectives ; il faut mettre fin au saupoudrage des fonds publics et
> faire du sur mesure. D'ailleurs, si je suis élue, les banques
> prendront leur part de l'effort. Nous sommes le seul pays où les
> banques s'entendent entre elles pour ne pas prendre de risque à
> l'égard des PME, alors que, grâce aux tarifications bancaires,
> elles gagnent de l'argent sur les pauvres et font des profits
> insolents. On doit imaginer des mesures pour amener les banques à
> se consacrer davantage au financement des PME. C'est ce qui est
> fait à l'étranger.
>
> Vous qualifiez votre projet de socialiste ?
>
> Il l'est.
>
> Votre campagne semble avoir retrouvé de l'allant depuis que vous
> avez retrouvé votre «liberté». Moins y a d'éléphants mieux c'est ?
>
> Les responsables du Parti socialiste tiennent tous leur rôle dans
> la campagne. Ils sont tous en mouvement. Lors de l'élection
> présidentielle précédente, la mobilisation des militants avait
> faibli. Cette fois, jamais, avec 300 000 militants qui, dans cette
> dernière ligne droite, se battent. Le parti, dans ses profondeurs,
> est totalement en ordre de marche.
>
> Mais c'est vous qui tentez de le révolutionner...
>
> C'est moi la candidate, c'est sur moi que reposent les
> responsabilités. Je serai responsable de ce qui arrivera. Je ne
> ferai porter la responsabilité sur personne d'autre.
>
>
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> © Libération



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