Tobin tax discussion draft

R. Magellan magellan at netrio.com.br
Wed Jan 13 17:30:09 PST 1999


The French-based organization Attac has sent through the Net a draft for discussion purposes about the Tobin Tax proposal (see it below). Among its authors is the leading French Marxist economist François Chesnais. He seems to be little known in the English-speaking world, but he is one of the most cited authors both in Latin Europe and Latin America about globalization issues.

ATTAC has changed its full denomination while keeping its shorth name: now it means Association for a Taxation on financial transactions to Help Citizens (Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens), so quitting its former mention to the Tobin tax. Attac also means "attack" when pronounced in French (attaque) and keeps this meaning in other languages too, as "ataque" in both Spanish and Portuguese and "attaco" in Italian. Nowadays, Attac has two national sections in those countries most vulnerable to heavy speculative attacks ---Brazil (including her main partner, Argentina) and Canada (links in its home page <http://attac.org/> )--- but intends to become a worldwide movement, what it will surely be! In my view, these countries are the most likely to spread a domino effect into the US economy.

For several reasons I'm skeptical about the Tobin tax proposition as a means to "tame" the international flows of so called speculative capital and risk hedging currency transfers (mainly short term ones, as the tax is focused on).

By the way, I think that the distinction between "speculative" and "productive" capital (or industrial and finance capital) is a delusive and rather ideological one, though it is often deeply rooted in the lefties' minds. At the best, it only makes sense in a certain span of time, since industrial capital must be realized and its fruits (dividends etc.) are to be periodically compared with the prevailing ratio of return, that is ultimately set up by finance capital. By its own economic nature, capital IS speculative.

Nevertheless, the Tobin tax, as well as regulatory practices alike, shows that the international economy is manageable someway, what runs against the conventional wisdom shaped by the conservative midia.

The authors of the draft proposal are aware of the objections set against the Tobin tax on the grounds of its workability and they refer to some of them, including both tax evasion and tax avoidance (or "tax planning"). Even so, they argue that the difficulties to enact it are political rather than economic ones. They mention the financial quarantines imposed by Chile and Colombia on speculative inflows as an example of successful political will (other countries, including Switzerland, could be added to this list).

Let's make a sketch of the draft propositions:

a) The Tobin tax is rather symbolic: "its symbolic effect would bear an important political impact." According to the authors, the Tobin tax would cast doubts on the present fatalism about the correlation of forces, that is detrimental to labor. "It would stress once more the needing to make a workable international public regulation to face the instability of capital markets." This tax "would address a strong political admonishment to the main economic agents" [sic! "un avertissement politique fort"]. It does not intend to avoid the great crises, but it could have a pre-emptive effect in moderating the vulnerability to them, not in abolishing them.

b) The Tobin tax must be introduced worldwide. A punitive tax should be imposed on the flows coming from and going to tax heavens.

c) "Today a transaction (un ordre de change) bears up to eight derivate operations (opérations induites), what opens a large and hazardous (inutile) room to speculation. The Tobin tax will reduce the dimension of the markets without paralyzing them. It will work on a pre-emptive basis for rendering certain operations unprofitable and so will avoid the start up of unstabilizing attacks against currencies."

d) It is an embryo of international control over financial speculation. "Even if the exchange market is the only concerned, this market is at the core of every financial international operations with all kinds of assets, including long term investments. As long as Tobin tax intends to give back more autonomy to domestic economic policies in relation to the financial speculation with currencies, it will help these former ones" (...)

e) The Tobin tax is an initial step towards an international regulation of the financial system and of the present exchange markets, according to the authors.

In solidarity, Roberto Magellan

Paix entre nous, guerre aux tyrans (....)

Ouvriers, paysans, nous sommes

Le grand PARTI DES TRAVAILLEURS. (L' Internationale)

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Date: Wed, 13 Jan 1999 11:15:26 +0100 To: "Attac" <attac at rosa.bok.net> From: cs at attac.org (CS - ATTAC) Subject: Pourquoi soutenir la taxe Tobin ?

Chers internautes,

Vous trouverez ci-joint la première version d'un texte de François Chesnais, Dominique Plihon, Suzanne de Brunhoff, et Bruno Jetin. Ce document pourra désormais servir de base de reflexion et de discussion pour tous les adhérents et militants d'ATTAC. Vous êtes invités à formuler remarques et commentaires afin de completer et d'enrichir cette ébauche.

Cordialement,

Christophe et Emmanuel cs at attac.org

Pourquoi soutenir la taxe Tobin ?

La contagion internationale des troubles monétaires et financiers, en 1997 et 1998 , a suscité l'inquiétude de nombreux économistes. L'instabilité financière mondiale affecte les conditions de travail et de vie des populations soumises à l'épreuve des politiques néo-libérales. Plusieurs projets de réformes ont été proposés dont le but est surtout d'assurer la pérennité de ces politiques.

La taxation des opérations de change à court terme , dite taxe Tobin, nous semble être une mesure propre à la réduction de la néfaste instabilité. Selon J.Tobin, elle vise à " jeter du sable dans les rouages de la spéculation " sur les monnaies. Propos modeste, mais de grande conséquence. C'est ainsi que nous l'interprétons, dans ce qui suit, avant de discuter les critiques qui lui sont adressées.

- La taxe Tobin concerne tous les Etats alors que la plupart des réformes proposées par le FMI et le G7 ne concernent que les économies dites " émergentes ". A commencer par les plus riches et les plus développés, dont les monnaies sont au coeur de la finance mondiale, et dont les initiatives sont les plus influentes. L'adoption d'un tel impôt réaffirmerait la nécessité de mettre en oeuvre une réglementation publique internationale, face à l'instabilité des marché de capitaux. Elle réduirait la dépendance des pays à l'égard des marchés financiers, renversant la tendance actuelle.

Les devises clés, principalement le dollar et bientôt l'euro, sont les monnaies véhiculaires des opérations de change. La taxe Tobin sur ces opérations ne ferait pas de distinction entre monnaies. Cela éviterait les réactions nationalistes de pays, ou de régions, éprouvés par l'instabilité du dollar. En outre, cet impôt a une vocation universelle visant à intégrer, par la négociation, l'ensemble des gouvernements de la planète dans une démarche coordonnée, ce qui irait bien plus loin que les pétitions de principe énoncées dans le cadre étroit et non démocratique des sommets du G.3, du G.7, ou du G.10.

-Il s'agit d'un impôt, sur les transactions de change à court terme, c'est-à-dire d'une forme de relation entre public et privé toute différente d'une collusion entre l'un et l'autre. Taxer les opérations de change pour modérer la spéculation, contrôler les mouvements de capitaux à court terme, ce serait adresser un avertissement politique fort aux principaux acteurs économiques: L'intérêt général prime sur les intérêts privés et la spéculation internationale.

Il est notoire que la puissance économique et sociale des marchés du capital a augmenté, après 20 ans de déréglementation et de restructurations capitalistes. Les néo-libéraux eux-mêmes admettent que la bonne tenue des Bourses a été alimentée par une distribution de la valeur ajoutée favorable aux revenus du capital par rapport à ceux du travail . Et partout l'allégement de la taxation du capital s'est accompagnée de l'alourdissement de la fiscalité sur les salaires. Cette pression sur le salariat est présentée comme un phénomène mondial inévitable, auquel il faudrait se soumettre sous peine de disparaître. En écornant, même légèrement, les revenus de la spéculation sur les monnaies, la taxe Tobin introduirait un coin dans le mur de ce fatalisme qui affecte le rapport de force au détriment du travail. Son effet symbolique aurait un important impact politique.

-En " mettant du sable dans les rouages de la spéculation ", la taxe Tobin ne prétend pas pouvoir éviter les grandes crises . Mais en répondant à la préoccupation de réduire l'instabilité financière , elle peut avoir un effet préventif , modérateur.

La plupart des réformes proposées concernent la gestion des crises une fois que celles-ci ont éclaté . Elles cherchent à atténuer la brutalité de la sanction des marchés, par laquelle de lourdes pertes succèdent aux grands profits : atténuation pour les grandes institutions financières internationales, non pour les populations comme l'ont montré les récentes interventions du FMI en Asie du Sud-Est. Qu'il s'agisse de fonds spéculatifs ou de grandes banques occidentales, les exemples ne manquent pas. Les gouvernements veillent à la survie des institutions trop grosses pour faire faillite (" too big to fail ") . Le coût économique et social de ces sauvetages, qu'il soit supporté par les finances publiques ou réparti entre grandes institutions financières, est toléré par les néo-libéraux, qui invoquent la nécessité de pallier " le risque systémique " : effondrement du crédit, krach financier mondial. Par contre la taxe Tobin, qui ne sanctionnerait que les spéculateurs sur devises, est jugée intolérable par ces mêmes néo-libéraux , en raison du contrôle des mouvements de capitaux qu'elle introduirait . Or c'est précisément cet avertissement politique aux marchés qui nous parait être nécessaire.

Nous connaissons les différentes objections adressées à la taxe Tobin, et sommes prêts à en discuter. La première concerne les difficultés de mise en ¦uvre de la taxe Tobin. Une autre série d'objections porte au contraire sur les insuffisances de cette taxe, qui ne concerne que les capitaux à court terme, et qui ne propose rien quant à une réforme du régime actuel des changes (J. Tobin tient pour acquis le régime des changes flottants), ni du système monétaire et financier international.

1) Les difficultés de mise en oeuvre de la taxe Tobin sont d'ordre politique plutôt qu'économique.

Il n'est pas nécessaire que tous les pays de la planète s'engagent simultanément à mettre en oeuvre la taxe Tobin pour que celle-ci soit viable. Par contre les pays du G7, ainsi que d'autres places financières comme Singapour et Hong Kong devront y participer d'entrée de jeu. Certains pays dits émergents (Chili, Colombie) ont déjà pris , avec un succès unanimement reconnu, des mesures contraignantes (réserves obligatoires) qui reviennent à taxer les capitaux spéculatifs. N'est-ce pas la preuve que la taxation des capitaux internationaux est d'abord affaire de volonté politique ?

Il faudra s'attaquer aux paradis fiscaux. Cette mesure de salubrité publique peut se réaliser au moyen d'une taxe punitive à l'entrée et la sortie des capitaux de ces paradis pour la fraude fiscale et le blanchiment de l'argent sale.

Certains pensent que la taxe Tobin serait inefficace car les opérateurs financiers pourraient la contourner. C'est le propre de tout impôt d'être confronté à l'évasion fiscale, légale ou illégale. Doit-on pour autant renoncer à l'impôt ? Pour notre part nous sommes convaincus qu'un débat approfondi devrait permettre d'élaborer les mesures adéquates à l'extension et l'adaptation de la taxe Tobin à tous les instruments financiers sur le marché des changes.

" Jeter du sable dans les rouages de la spéculation ", aurait comme résultat de mettre en cause les comportements porteurs de la dynamique du marché des changes de même que les algorithmes qui permettent le calcul des rendements par rapport aux risques dans un futur incertain.

Aujourd'hui un ordre de change engendre jusqu'à huit opérations induites, ouvrant par la même un espace démesurée et inutile à la spéculation. La taxe Tobin réduirait la dimension du marché des changes sans le paralyser. Elle agirait à titre préventif en rendant non profitables certaines opérations spéculatives sur les marchés des changes, et éviterait ainsi que se forment des attaques déstabilisatrices contre les monnaies.

2) La taxe Tobin est-elle insuffisante comme élément d'un projet politique ? Il est certain que la taxe Tobin a un champ d'action limité aux opérations à court terme sur le marché des changes. Elle ne concerne pas la taxation de l'ensemble des revenus financiers provenant des actions, obligations et autres actifs .Celle-ci ne relève que des finances publiques nationales, bien que partout elle soit favorable aux revenus financiers. L'investissement à long terme à l'étranger n'est pas non plus concerné. Cependant l'intérêt de la taxe Tobin est son caractère nécessairement international : son instauration suppose un accord entre pays prêts à l'appliquer au lieu de se concurrencer. A ce titre c'est un embryon de contrôle international de la spéculation financière. Et même si seul le marché des changes est concerné, celui-ci est au carrefour de toutes les opérations financières internationales sur toutes les sortes d'actifs, y compris les investissements à long terme à l'étranger. Comme la taxe Tobin vise à redonner plus d'autonomie aux politiques économiques intérieures, par rapport à la spéculation financière sur les monnaies, elle conforterait les mesures intérieures de taxation des revenus financiers, et la surveillance publique des investissements extérieurs.

Quant aux réformes du régime actuel des changes, et du système financier actuel, elles doivent en effet être l'objet de nouvelles discussions, et de propositions globales. Nous aurons à y prendre part. Cependant des réformes positives pour les populations actuellement soumises aux pressions des marchés du capital ne pourront se faire qu'en affrontant la puissance de la finance capitaliste et sa liberté d'action. En particulier sur le marché des changes, comme le suggère la taxe Tobin qui ouvrirait une brèche dans le fatalisme encore trop répandu.

Nous soumettons ce texte à la discussion publique . Il faut sortir du cercle étroit des experts, financiers, banquiers, Banques centrales qui décident du sort de réformes concernant le monde entier. Nous y sommes encouragés par le mouvement d'opinion qui se dessine en faveur d'un contrôle plus strict des mouvements de capitaux. Un sondage d'opinion dans 20 pays, réalisé pour The Economist (2/1/99) indique que 49% des personnes interrogées sur la nécessité de ce contrôle sont pour, 37% sont contre, 14% ne savent pas . Ce n'est qu'un sondage , mais il incite à réfléchir sur les limites à imposer à la liberté des marchés de change et du capital, selon le magazine néo-libéral . Nous avons montré qu'une de ces limites est constituée par la taxe Tobin, que nous souhaitons faire connaitre et approuver.,

Cordialement,

Christophe et Emmanuel cs at attac.org

Conseil scientifique de l'association ATTAC Site Internet : http://attac.org/fra/cons/



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