[Fwd: Israel, un gouvernement inquietant]

Christopher Rhoades Dÿkema crdbronx at erols.com
Fri Mar 9 06:29:00 PST 2001


Le Monde's comments on the Sharon government in Israel. Christopher Rhoades Dÿkema

Le Monde diplomatique wrote:


> ____________________________________________
>
> APRÈS L'INVESTITURE DE L'ÉQUIPE SHARON-PÉRÈS
>
> Israël, un gouvernement inquiétant
>
> (8 mars 2001)
>
> http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/sharon
>
> C'est un gouvernement sans précédent dans l'histoire
> d'Israël que la Knesset a investi le 7 mars 2001.
> Jamais une équipe n'avait compté autant de membres :
> vingt-six ministres et douze vice-ministres. Cette
> inflation témoigne du prix payé par le premier
> ministre Ariel Sharon pour associer l'essentiel de la
> classe politique à son entreprise. De fait, à
> l'exception des partis arabes, du parti sioniste de
> gauche Meretz, du Parti national religieux et du
> mouvement juif oriental Gesher, nul n'est absent.
> Encore une « première »: jamais les travaillistes
> n'avaient accepté de côtoyer au pouvoir l'extrême
> droite, dont un des dirigeants, le général Zeevi,
> prône le « transfert » des Palestiniens, et l'autre,
> M. Avigdor Lieberman, a récemment menacé de
> « bombarder Téhéran et le barrage d'Assouan »...
>
> Mais le plus inquiétant, c'est le programme de cette
> coalition. Le présenter comme « modéré » relève, au
> mieux de la méthode Coué, au pire de la manipulation.
> La ligne négociée, entre le Likoud et le Parti
> travailliste fait table rase des acquis des
> négociations antérieures et tourne le dos à l'idée
> même d'accord définitif. Refusant toute concession
> sur un nouveau retrait de l'armée israélienne comme
> sur Jérusalem et sur les réfugiés, elle prétend en
> fait à imposer aux Palestiniens le statu quo actuel.
> Enfin, et surtout, elle entend répondre au besoin de
> sécurité qui a porté M. Sharon au pouvoir en
> rétablissant coûte que coûte l'« ordre » dans les
> territoires. Quoiqu'il advienne, une page de
> l'histoire du Proche-Orient se referme : celle dite
> du « processus de paix », ouverte par la conférence
> de Madrid de 1991 et la Déclaration de principes
> israélo-palestinienne du 13 septembre 1993.
>
> Sept années d'autonomie palestinienne se soldaient,
> il est vrai, par un bilan des plus maigres pour les
> Palestiniens. Contrairement aux engagements pris par
> l'Etat juif, l'Autorité palestinienne contrôle en
> pleine souveraineté moins de 20% des territoires
> occupés en 1967 - la proportion monte à 42% si l'on
> ajoute des zones dont elle partage la souveraineté
> avec Israël. De surcroît, chacun de ces îlots est
> séparé des autres par les routes de contournement
> déservant les implantations juives. Car la
> colonisation de la Cisjordanie a quasiment doublé
> depuis 1993. Quant à l'économie palestinienne, elle
> était incapable, avant même l'Intifada et le blocus,
> d'assurer une vie digne à trois millions d'habitants.
>
> Telle est la poudrière qu'allaient faire exploser, le
> 28 septembre 2000, la visite du chef du Likoud sur
> l'Esplanade des mosquées et, le lendemain, les tirs à
> balles réelles contre les manifestants (7 morts). Les
> sacrifices endurés par la population arabe de
> Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de
> Gaza n'auraient été supportables que si les
> négociations de paix débouchaient sur un accord
> solide, créant les conditions de la naissance d'un
> véritable Etat palestinien indépendant.
>
> Ce n'était pas le cas des propositions avancées par
> M. Ehoud Barak lors du sommet de Camp David. Certes,
> le premier ministre proposait de rétrocéder un
> pourcentage plus élevé de la Cisjordanie, mais
> celle-ci restait coupée en trois morceaux par les
> blocs de colonies qu'Israël entendait annexer. Sur
> Jérusalem, il envisageait une certaine autonomie pour
> les faubourgs palestiniens situés à l'est de la ville
> - puis, mais après Camp David, une forme de partage
> de la ville. Sur la question des réfugiés, il
> refusait tout forme de mise en ¦uvre du droit au
> retour prôné par les Nations unies depuis le
> 11 décembre 1948.
>
> Même les suggestions, plus favorables aux
> Palestiniens, présentées en décembre 2000 par le
> président américain William Clinton, juste avant de
> céder la place à M. George W. Bush, n'allaient pas
> suffire à sortir de l'impasse : les ultimes
> pourparlers de Taba, en janvier 2001, devaient -
> malgré certaines avancées - se solder par un échec.
>
> D'où, le 6 février, la victoire écrasante -
> abstention massive aidant - de M. Sharon sur
> M. Barak. Certes, les peurs réveillées par l'Intifada
> palestinienne chez les Israéliens et la priorité
> donnée par ceux -ci à la sécurité ont pesé lourd dans
> le résultat du scrutin. De même, l'échec répété des
> négociations avec la Syrie comme avec les
> Palestiniens ont entraîné, dans l'opinion, une
> désillusion brutale et sans doute durable. On aurait
> tort, pour autant, d'interpréter le vote des
> Israéliens comme un rejet de toute perspective de
> paix : les sondages réalisés à la veille de
> l'élection confirmaient que près des trois quarts des
> citoyens espéraient toujours un accord de paix, et
> accordaient à M. Shimon Pérès, s'il remplaçait à la
> dernière minute M. Barak, des chances de l'emporter.
> En réalité, ce que l'électorat a surtout sanctionné,
> c'est la faillite du premier ministre sortant,
> incapable, contrairement à ses promesses, à
> l'extérieur de faire la paix avec les Syriens comme
> avec les Palestiniens, et à l'intérieur de mener la
> grande politique sociale et laïque attendue.
>
> Autant d'objectifs auxquels le gouvernement d'union
> nationale dirigé par M. Sharon tourne évidemment le
> dos. En acceptant, finalement, d'y participer, les
> travaillistes ont pris une triple et lourde
> responsabilité. D'une part, ils risquent de servir de
> caution à la politique de force à l'égard des
> Palestiniens qu'exige la direction de l'armée, les
> attentats en Israël même fournissant le prétexte d'un
> durcissement de la répression, qui pourrait viser,
> cette fois, l'Autorité palestinienne elle-même.
> D'autre part, ils empêchent la rénovation de leur
> propre parti et la relance du mouvement pacifiste.
> Enfin, se tranformant en cache-sexe de la droite et
> de l'extrême doite, ils font pression, au nom du «
> consensus national israélien », sur les gouvernements
> étrangers pour tenter d'écarter toute forme
> d'internationalisation du conflit.
>
> Bref, l'équipe Sharon représente bien un gouvernement
> dangereux dans une situation dangereuse. Il lui
> faudra néanmoins tenir compte de plusieurs facteurs,
> susceptibles de freiner les ardeurs belliqueuses de
> certains de ses membres. D'abord l'Intifada
> elle-même, dont la radicalisation, alimentée par la
> brutalité même de la répression - le seuil des 440
> morts (dont 65 Israéliens) et des 20 000 blessés
> vient d'être dépassé -, fait craindre le pire :
> Israël redoute, non seulement la multiplication
> d'opérations terroristes, mais l'impasse stratégique
> dans laquelle il se trouverait après une éventuelle
> intervention dans les terrritoires autonomes. Ensuite
> les réactions du monde arabe, dont les opinions,
> sensibilisées par les télévisions d'information
> continue comme Al Jazira (1), se sont déjà mobilisées
> l'an dernier, contraignant plusieurs gouvernements à
> rompre ou à geler les relations établies avec Israël.
> Enfin, la nouvelle administration américaine, que sa
> sympathie pour Israël n'empêche pas de veiller à la
> stabilité des régimes arabes alliés. Sans oublier
> l'opinion publique mondiale, dont l'intervention
> sera, en tout état de cause, décisive pour empêcher
> une escalade suicidaire pour les deux peuples en
> présence.
>
> DOMINIQUE VIDAL.
> Dominique.Vidal at Monde-diplomatique.fr
>
> (1) David Hirst, « La télévision arabe qui dérange »,
> Le Monde diplomatique, août 2000.
> http://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/HIRST/14132.html
>
> Retrouvez, dans notre cahier consacré au Proche-Orient :
>
> Plus de cent documents
> http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/
>
> Une chronologie de 1917 à nos jours
> http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/chrono
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